BLACK’N’BLUES a minstrel show

BLACK'N'BLUES

a minstrel show

(2010)

 

BLACK'N BLUES a Minstrel Show

Avec
Geoffrey Carey ou Mark Tompkins :
Uncle Sam, Preacher, TV MC, Aunt Jemima
Mathieu Grenier : B Boy
Isnelle da Silveira : Wawa

Séverine Bauvais ou Eve Arbez : Baby
Dorothée Munyaneza ou Liza Edouard : Yoyo
Antje Schur ou Yulia Tokareva : Jonny 


Direction artistique : Mark Tompkins
Scénographie et Costumes : Jean-Louis Badet
Création lumière et Direction Technique : David Farine
Arrangements musicaux : Mathieu Grenier

Administration, Diffusion : Amelia Serrano

Assistante administration : Sandrine Barrasso

 

Remerciements Evelyne Menaucourt, Nicole Gautier

Durée : 1h30

Créé le 9 novembre 2010 au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul

 

Les textes, la musique et les chansons de BLACK'N'BLUES couvrent une vaste période de 1830 à ce jour, avec des Minstrel songs des années 1830 à 1860, des Coon songs des années 1900, des Blues des années 20 et 30, de la Soul et du R'n'B des années 50 et 60 et du Rap d'aujourd'hui.  

 

Coproduction

Cie I.D.A., Parc de la Villette - Résidences d'Artistes 2010, Centre de développement chorégraphique du Val-de-Marne, Centre Chorégraphique National de Tours - Bernardo Montet, avec le soutien du Théâtre Edwige Feuillère à Vesoul et l'aide financière de l'ADAMI. La Cie I.D.A. Mark Tompkins est subventionnée par la DRAC Ile-de-France / Ministère de la culture et de la communication au titre de l'Aide à la compagnie.

 

Bert Williams

Bert Williams, dernier Blackface Noir


Captivés par nos envies et nos dégoûts
Aveuglés par nos croyances et nos préjugés
Piégés par nos certitudes et nos doutes
Programmés par nos succès et nos échecs
Prisonniers de nos intentions et de nos actes
Victimes de nos désirs et de nos peurs

Serions-nous tout simplement esclaves de nous-mêmes ?

Fais-moi rire !

 

BLACK'N BLUES a Minstrel Show

BLACK‘N'BLUES a minstrel show

BLACK'N'BLUES s'inspire de la tradition des minstrel shows et du blackface du 19ème siècle aux Etats-Unis. Si l'histoire du minstrelsy a été plus ou moins volontairement perdue, effacée, ou enterrée, il est essentiel de rappeler qu'il constituait la première forme authentique de théâtre américain.

L'inversion constante des symboles de l'identité et du pouvoir et la panoplie de personnages contradictoires questionnaient constamment avec légèreté et panache, les notions de race, de classe et de genre. Le minstrel show préfigurait beaucoup de formes d'entertainment américain populaire du 20ème siècle, entre autres, le vaudeville, le burlesque, le slapstick, le standup comedy et même le rap.

Le spectacle puise dans la mémoire collective d'une imagerie populaire enfouie et souvent caricaturale, et le vécu intime des interprètes. Si certains des éléments peuvent heurter, il ne s'agit pas de gommer ces aspects mais de les exposer au public afin de faire naître une réflexion et un dialogue.

BLACK‘N'BLUES joue avec les éléments et les mécanismes propres au minstrel show : blackface, travestissement, masques, song-and-dance, batailles de danse et joutes orales. Avec le même esprit léger et ludique, il traite les sujets d'actualité et met en scène le présent. Dans un décor de toiles peintes et palissades en bois évoquant le théâtre populaire du 19ème siècle, les interprètes dansent, chantent et jouent un minstrel show contemporain qui libère, par la parodie, les forces critiques que provoque le rire.

 

BLACK'N BLUES a Minstrel Show
Jim Crow                   Thomas Rice

LE MINSTREL SHOW ET LE BLACKFACE

Le minstrel show est né dans les années 1830 quand l'acteur Blanc Thomas D. Rice est devenu un phénomène en créant un numéro de song-and-dance blackface dans lequel il personnifie Jim Crow, un vieil esclave Noir. Peu de temps après, Georges W. Dixon devient aussi célèbre en inventant le personnage blackface de Zip Coon, le dandy urbain. Ces deux icônes incarnaient les extrêmes à partir desquels la plupart des futurs personnages de minstrelsy évolueront. En 1843, quatre acteurs et musiciens Blancs forment The Christy Minstrels, le premier minstrel show de groupe. Leur succès est phénoménal, et très vite, les troupes se forment à travers tout le pays.

Le blackface fut une tradition vitale pendant près de 100 ans dans le théâtre populaire américain. C'était un masque porté par les Blancs pour jouer les personnages Noirs, surtout le happy-go-lucky plantation darky et le urban dandy. Ils utilisaient du liège brûlé ou du cirage pour noircir leurs visages, rougissaient et exagéraient leurs bouches, et portaient des perruques nègres et des gants blancs afin de compléter la transformation.

 

Dans les années 1840, les troupes minstrel mêlaient des scènes comiques avec des routines de song-and-dance, et développaient des rôles stéréotypés de paresseux, superstitieux, lâches et lascifs qui volaient, mentaient et torturaient la langue anglaise. Au début, tous les blackface minstrels étaient des hommes, et certains se spécialisaient dans les rôles de femmes Noires, comme la grotesquement obèse et masculine Mammy, ou bien la Wench, une jeune femme sexuellement provocante.

Après la Guerre Civile, des Noirs libres entraient dans la tradition, formant leurs propres troupes (en blackface !) and reprenant les caricatures créés par les Blancs. Les All-Black minstrel shows commençaient à proliférer, promus comme the real thing ! (la vraie chose). Malgré le renforcement des stéréotypes raciaux, les minstrels Noirs gagnaient bien leur vie, surtout si l'on songe aux travaux dégradants auxquels était reléguée la plupart d'entre eux. En plus, ça offrait une opportunité unique pour les musiciens, danseurs et acteurs Noirs de pratiquer leur art.

Si les minstrel shows ont connu leur déclin à la fin du 19ème siècle, la tradition s'est prolongée dans les nouvelles formes de divertissements populaires, à la radio et au cinéma. Par exemple, le cinéma embauchait des acteurs Noirs pour incarner les stéréotypes de comiques paresseux : Oncle Tom, un servant servile, toujours prêt à faire plaisir ; Mammy, une grosse Mama qui chasse son homme avec une poêle ; Rufus, un voyou voleur de poule.

 

Les stéréotypes présentés dans le minstrelsy ont joué un rôle significatif dans la fixation et la prolifération des images, des attitudes et des perceptions racistes et sexistes. Le legs controversé de blackface persiste encore. L'appropriation, l'exploitation et l'assimilation par le blackface de la culture afro-américaine n'étaient qu'un prologue à la commercialisation et la dissémination de cette expression dans la culture populaire d'aujourd'hui.  

 

BLACK'N BLUES a Minstrel Show

LA STRUCTURE DU MINSTREL SHOW

En 1843, les Christy Minstrels, un groupe d'acteurs et de musiciens Blancs, a établi ce qui allait devenir la structure de base du minstrel show, divisé en trois parties.

Le premier acte, la troupe entière entrait en scène en chantant une chanson populaire et dansant le walkaround. Sur l'instruction de l'interlocuteur, ou maître de cérémonie, tout le monde s'asseyait en demi-cercle. L'interlocuteur distingué se tenait au milieu avec à ses côtés les endmen, Tambo et Bones. Ils échangeaient des blagues et chantaient des chansons humoristiques en dialecte noir. Une plantation song-and-dance avec un tempo rapide terminait souvent l'acte.

Le deuxième acte, appelé l'olio, avait plutôt une structure de variety show. Les artistes dansaient, chantaient, jouaient des instruments, faisaient des acrobaties, et montraient leurs talents comiques. Le clou du spectacle était lorsqu'un acteur livrait un stump speech en black-dialect, une longue oraison de non-sens à propos de la science, la société ou la politique. Essayant de parler avec éloquence, il ne sortait que des mal à propos, des blagues et des jeux de mots sans l'intention de les faire. Maquillés en blackface comme d'un masque de fou, ces stump speakers pouvaient faire des critiques sociales grinçantes sans brusquer le public, même si le but était plutôt de les faire rire. Beaucoup de troupes employaient un spécialiste du stump speech, avec un style personnel.

 

La troisième acte, l'afterpiece, se déroulait souvent dans une plantation du Sud idéalisée avec des numéros de song-and-dance qui accentuer les vies heureuses des esclaves. Néanmoins, les points de vue anti-esclavagiste faisait parfois surface avec des histoires de familles séparées par l'esclavage, de fugitifs ou même d'insurrections d'esclaves. À partir des années 1850, les troupes faisaient des versions burlesques de pièces de théâtre existantes. Shakespeare, et notamment Othello, ou les succès contemporains étaient des cibles récurrentes. L'humour venait du décalage entre les personnages Noirs incompétents et leur acharnement à jouer des éléments de la haute culture Blanche.  

Si les minstrel shows ont connu leur déclin à la fin du 19e siècle, la tradition a continué dans les nouvelles formes de divertissement populaire, le cinéma et la radio. Les films muets continuaient à embaucher les acteurs Blancs en blackface, puis des acteurs Noirs, dans les rôles de Noirs instables, paresseux et comiques. Un des personnages le plus populaire était Uncle Tom, un serviable vieil homme Noir qui fait toujours tout ce qu'on lui demande. D'autres stéréotypes populaires étaient Mammy, une grosse femme Noire qui chasse son homme avec une poêle, et Rufus, un voyou Noir sournois, voleur de poules.

Les stéréotypes incarnés par les blackface minstrels jouaient un rôle signifiant dans la fixation et la prolifération des images, attitudes et perceptions racistes et sexistes dans le monde. Les caricatures héritières du blackface persistent encore aujourd'hui et sont toujours une cause de controverse. L'appropriation, l'exploitation et l'assimilation du blackface dans la culture afro-américaine n'étaient qu'un prologue au conditionnement, à la commercialisation et à la dissémination de cette expression culturelle, et toutes ses formes dérivées, dans la culture populaire au niveau mondial.

 

 

EXTRAITS DE PRESSE

 

Tout ici est prêt à diffuser. Le décor, simple, bricolé, fonctionnel de Jean-Louis Badet, à base de palissades faisant tantôt office de paravents, comme dans une scénographie de Gordon Craig, tantôt de bancs publics. Les costumes de M Badet sont somptueux, choisis, adaptés, confectionnés sur mesure. Des éclairages signés David Farine, aux petits oignons, avec une rampe de lancement fixée au sol, des tons et des intensités dosés avec justesse, des effets à-propos. Une distribution remarquable : le shakespearien Geoffrey Carey, le taquin Mathieu Grenier, l'ardente Séverine Bauvais, la gracieuse Dorothée Munyaneza, la frêle Antje Schur, la malicieuse Isnelle da Silveira, au minimum, excellents pour ce qui est de la danse, acteurs complets et chanteurs convaincants, notamment dans le gospel. Des arrangements musicaux impeccables et une performance loufoque de Mathieu Grenier. Tompkins triomphe humblement, en coulisse. Sa mise en scène est nickel.

 

Nicolas Villodre, www.danzine.fr, 26 juin 2011

 

 

Le chorégraphe Mark Tompkins retrouve ses racines américaines avec un spectacle musical épatant consacré aux musiques noires depuis près d'un siècle. Sur fond de blues, de gospel, de rock et de rap, le spectacle dénonce avec humour et dérision tous les stéréotypes dont les blancs ont affublé les noirs américains et qui perdurent malgré l'abolition de l'esclavage, l'obtention des droits civiques et l'élection d'un président noir. Sous des dehors comiques, le spectacle évoque la condition des noirs et use du second degré pour dénoncer le racisme des blancs, y compris dans le domaine musical...

Delphine Goater, www.resmusica.com, 27 juin 2011

L'exploit du chorégraphe tient du tour de force : plus de 150 ans d'histoire sont évoqués dans un mixe étonnant : vaudeville et burlesque, gospel et stand up comedy, blues et rap. Une certaine chronologie est toujours ponctuée par l'irruption de références au présent qui inscrit la représentation dans une terrible actualité. Les numéros d'entertainment arrachent les ovations du public qui rigole, chantonne et applaudit à chaque fois. L'écriture de Tompkins est magistralement orchestrée, il a le sens du rythme et distille par petites touches un esprit grave et sérieux, culminant au moment d'un blues à couper le souffle...

Smaranda Olcèse-Trifan, www.toutelaculture.com, 3 avril 2011 

 

 

Mark Tompkins interroge avec une légèreté apparente les notions de race, de genre, de classe. Il n'est pas neutre qu'à ses quatre chanteuses-danseuses grimées, il ajoute un fils de rabbin qui refuse d'être cantor en synagogue. Quatre performeuses de haut vol enchaînent gospel, blues, danses russes, transe de paroissiennes déchaînées par un pasteur charismatique, et rap final. On en voudrait bien huit comme elles sur le plateau !

Ouest France, 29 mars 2011

 

BLACK'N'BLUES de Mark Tompkins, s'inspire des minstrel shows, où longtemps des artistes américains blancs se grimèrent pour représenter les Noirs. Soit une épouvantable fabrique à clichés ; mais aussi un puissant creuset à dédoublements scéniques, aux sources du music hall. À vouloir n'ignorer aucune de ces deux faces, et les rendre fécondes en 2010, le chorégraphe s'engageait en terrain glissant. Il y réussit parfaitement. On se surprend à rire à la première apparition d'une Black Mama caricaturale. Mais de quoi rit on? Certes du grotesque du personnage. Mais tout autant de la conscience de la bêtise raciste crasse qui en fit matière à moquerie pendant des décennies. C'est à double niveau. Une femme l'incarne sous nos yeux. Mais n'est-elle pas, en définitive, un genre de travelo ? Ainsi rebondit, de chansons en claquettes, de comédie en rap transgenre, un jeu rythmé de

tiroirs à double fond, pourvoyeur d'une joyeuse perception à double sens. 

Gérard Mayen, Danser janvier 2011    

 

BLACK'N BLUES a Minstrel Show

 

photos : © Gilles Toutevoix 

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